Très souvent invisible, le handicap cache souvent de réelles compétences, elles aussi invisibles. Chez DSI, dix stagiaires entament une formation de programmeurs pour machines à commande numérique.
La PME installée près de Saint-Nazaire emploie 80 % de personnes meurtries par la vie. Elle affiche pourtant une santé insolente et va encore recruter dix personnes.
Non, un travailleur handicapé n’a pas besoin d’un médecin derrière lui en permanence. Oui, il peut travailler seul. Oui, il peut assurer une productivité excellente. « Tous les jours, j’entends des clichés sur le handicap qui ne sont absolument pas fondés », déplore Christophe Mairesse.
Licenciement pour inaptitude
Ici, à Lavau-sur-Loire, près de Saint-Nazaire, le handicap n’est pas synonyme de ménage ou d’entretien d’espaces verts. Au menu des salariés : des opérations industrielles, des projets numériques, de l’archivage. « Nos clients sont des grandes entreprises comme Airbus, Engie ou Spie », explique Christophe Mairesse. DSI aide ainsi l’avionneur à rédiger ces gammes de travail, c’est-à-dire le processus d’élaboration d’une pièce jusqu’à son stockage. Il assure aussi l’entretien des vélos qui permettent de circuler sur le site Airbus.
« Les grands donneurs d’ordre sont de vrais sponsors du travail adaptés, car le chiffre d’affaires réalisé est transformé en équivalent d’emplois pour eux », ajoute Christophe Mairesse. Une manière aussi de réduire la taxe Agefiph de 20 % à 30 %.
6 % de handicaps de naissance
« J’ai roulé ma bosse et je n’avais jamais vu une entreprise comme ça », raconte Loïc, salarié de DSI, qu’un précédent job de magasinier cariste a rendu handicapé à 34 ans : triple hernie cervicale et arthrose précoce. Licenciement et chômage.
« Il faut rappeler que les handicaps de naissance ne représentent que 6 % de l’ensemble des handicaps en France » , signale le directeur du site. Beaucoup d’invalidités apparaissent dans la vie professionnelle, notamment sur les postes mal organisés. Les salariés s’y usent puis se retrouvent cruellement licenciés pour inaptitude.
Formation et embauche
C’est aussi ce qui est arrivé à Nathalie, 42 ans. Cette ex-fraiseuse dans l’aéronautique est devenue invalide en six années de gestes répétitifs et de mauvaises postures. DSI l’a repérée et lui a proposé une formation pour programmer les machines à commandes numériques. Les quatre cents heures de mise à niveau viennent de commencer avant une renaissance dans l’emploi en février 2019, comme les neuf autres futurs embauchés.
Même l’entreprise qui conduit la formation est surprise par le profil de ces stagiaires handicapés. « J’avais des préjugés très bêtes et je ne savais pas à quoi m’attendre, admet Denis de Magneval, de l’agence Missler. En fait, c’est un groupe formidable, ce sont des gens très motivés avec un sens de l’équipe incroyable ! »
Source : OUEST-France - Thierry HAMEAU, le 01 décembre 2018
