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LGBTphobie au travail : «Partout où les femmes ont du mal, les trans ont du mal»

Sandra FORGUES DSI 2019

Sandra Forgues dans les locaux de «Libération» à Paris, mai 2019. Photo Camille McOuat

Sandra Forgues, ancienne médaille d’or olympique de canoë biplace, a mis près de quarante ans à s’autoriser à être pleinement une femme, et à l’annoncer à ses collègues. Tout un combat.

Atlanta, 1996. Wilfrid Forgues remporte à 32 ans le titre de champion olympique masculin de canoë biplace aux JO avec Frank Adisson. Vivats, applaudissements pour l’athlète qui a caché une robe dans son sac de sport. Paris, 2019. En cette journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, Sandra Forgues, chevelure longue et blonde, glissée dans une jupe droite, se voit décerner à presque 50 ans le titre de «rôle modèle» dans un palmarès étrenné cette année par l’association l’Autre cercle, qui milite pour l’inclusion au travail des LGBT (lire ci-contre). Vivats, applaudissements, tant cette femme a ramé. Contre elle-même. Contre ce corps d’homme qui en grandissant est devenu fort, inondé de testostérone, musclé par le sport de haut niveau. Contre son désir de cheveux longs et de jupes apparu dès 6-7 ans. «Longtemps, je me suis dit que j’étais malade, alors que je ne l’étais pas puisque j’avais la force de le cacher; Longtemps, je me suis forcée à être un vrai mec et à m’interdire ces moments où je me faisais belle, où je mettais des vêtements de femme.» Longtemps, Sandra s’est étouffée dans l’œuf : «Je me disais "tu as une famille, tu assumes. Alors arrête".»

«Eclaircie»

Wilfrid (prénom que Sandra ne renie pas, pas plus que son passé en version masculine) s’est marié à 24 ans, deux enfants sont nés de cette union. Il/elle les aime. Et puis, à force de se contraindre, l’athlète né à Tarbes, devenu ingénieur en informatique à Toulouse, s’est fissuré : «Car la transidentité, on ne peut pas s’en séparer. C’est comme un gaucher qui reste un gaucher, même si on l’a contrarié. La transidentité est une vérité humaine.» Le jour de ses dix ans de mariage, il confesse à sa femme un «bout de sa part féminine». Il édulcore. Mais sa femme prend peur. Il recommence à lutter, à «être un mec». Mais n’a plus le goût à rien : «Je ne me voyais même plus vieillir, lâche Sandra, troublée par ce mal-être qui soudain remonte du passé. Et puis un jour, je tombe sur une robe de ma femme dans le dressing. Je passe devant un miroir. C’est l’éclaircie. Le lendemain, je me rhabille en fille. Je comprends que ça ne passera jamais.» Il a 38 ans. Il attend d’en avoir 45 pour en parler vraiment à son épouse : «Elle a compris la gravité de ma situation. On s’est séparés très vite. J’ai attaqué ma transition.»

Mais comment dire aux autres que son corps, sous l’effet d’hormones, va changer ? Comment expliquer que «la transidentité n’est pas une lubie, un plaisir ou un gag ? Comment expliquer que nous sommes simplement montés à l’envers avec un corps qui n’est pas en adéquation avec notre cerveau ?»

«Conservatisme crétin»

Elle se lance. En famille (qu’elle voit toujours) et dans sa boîte : «Là, j’ai planifié mon coming out. J’étais directeur technique de Media & Broadcast Technologies (MBT). Je l’ai d’abord dit à mes supérieurs pour qu’ensuite ils m’aident à le dire à d’autres, notamment mon équipe à Toulouse : une douzaine de personnes. Puis à ma vingtaine de collaborateurs parisiens. Là, il vaut mieux avoir été un sportif de haut niveau ! J’ai expliqué que derrière ma stature, il y avait des faiblesses, que je devais en parler puisque cela impliquait un changement radical. J’ai raconté. Expliqué mon combat perdu à rester un homme.» Applaudissements. «Mais bien sûr, ceux qui sont choqués ne sont pas ceux qui viennent vous voir. Et il n’est pas sûr que ceux qui acceptent comprennent. D’ailleurs, quand on le dit, il ne faut pas édulcorer le choc émotionnel qu’on peut provoquer.»

Après dix-huit ans chez MBT, Sandra Forgues, qui retrouve de «l’énergie grâce à [sa] transition», change de boîte. Direction Distribution Services industriels (DSI), qui emploie des handicapés ou des personnes éloignées du travail. Changement de milieu pour celle qui considère la transidentité comme une sorte de «handicap». Ce dont elle est «fière» : «Là, ils connaissaient mon histoire. C’était plus simple.» Tellement simple ? Sandra Forgues, qui a aussi «fait [son] annonce» au centre de ressources, d’expertise et de performance sportive de Toulouse (Creps), dont elle préside le conseil d’administration, réfute : «Non. Je sais que dans les milieux très masculins, ça peut être un cauchemar. Partout où les femmes ont du mal, les trans ont du mal. En outre, après une phase de meilleure acceptation des trans, car on en a beaucoup parlé, on est sur la pente descendante. Un genre de conservatisme crétin réapparaît. Mais il faut sortir du placard. Et s’occuper de la transidentité dès le plus jeune âge comme au Canada, parce que faire une transition entre 20 et 25 ans quand on doit déjà s’insérer dans le monde du travail, c’est compliqué.» Le modèle déjà connaît son rôle.

Catherine Mallaval Photo Camille McOuat

Source : Liberation

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